"J'ai grandi avec un sentiment de culpabilité, la conscience de devoir expier une faute qui est ma vie même. En baissant les paupières, c'était mon être tout entier que je cherchais à dissimuler. Longtemps, mon sourire a signfié "pardon". De la soumission, j'attendis l'amour des autres, en vain, alors j'exigeai le respect. Adolescente révoltée, je décidai de ne plus en faire qu'à ma tête. [...] Désireuse de respirer sans déranger, afin que le battement de mon coeur ne soit plus considéré comme un sacrilège, j'ai pris ma barque et fait de mes valises des écrins d'ombre. L'exil, c'est mon suicide géographique. L'ailleurs m'attire car, vierge de mon histoire, il ne me juge pas sur la base des erreurs du destin; il est pour moi gage de liberté, d'autodetermination. Partir, c'est avoir tous les courages pour aller accoucher de soi-même, naître de soi étant la plus légitime des naissances. Tant pis pour les séparations douloureuses et les kilomètres de blues, l'écriture m'offre un sourire maternel complice, car, libre, j'écris pour dire et faire tout ce que ma mère n'a pas osé dire et faire."Fatou Diome, Le ventre de l'Atlantique, p. 262.
mardi 10 novembre 2009
Clichés d'exilés
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