mardi 10 novembre 2009

Clichés justes d'exilés

"Étrangère partout, je porte en moi un théâtre invisible, grouillant de fantomes. [...] Partir, c'est devenir un tombeau ambulant rempli d'ombres, où les vivants et les morts ont l'absence en partage. Partir, c'est mourir d'absence. On revient, certes, mais on revient autre. Au retour, on cherche mais on ne retrouve jamais ceux qu'on a quittés. La larme à l'oeil, on se résigne à constater que les masques qu'on leur avait taillés ne s'ajustent plus. Qui sont ces gens que j'appelle mon frère, ma soeur, etc.? Qui suis-je pour eux? L'instruse qui porte en elle celle qu'ils attendent et qu'ils désespèrent de retrouver? L'étrangère qui débarque? La soeur qui part? Ces questions accompagnent ma valse entre les deux continents"
Fatou Diome, Le ventre de l'Atlantique, p. 263.

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