"Nous sommes tous des Caraibes aujourd'hui dans nos archipels urbains. Peut-être n'y a-t-il plus personne aucun retour possible dans un pays natal - seulement des notes de terrain pour le réinventer."
James Clifford, Malaise dans la culture
À une époque où la solitude était ma plus grande compagne, et les rencontres bouleversantes ne parvenaient pas à ne pas être éphémères, je m'étais inventé un petit conte naïf. Une sorte de roman familial, dirait Freud, dans lequel mes vrais origines n'étaient pas embellies mais poussées au second plan. Un vrai petit fantasme d'orpheline.
Il existait une "ile des fous", j'avoue que le nom manque d'exotisme, qui aurait rassemblé des êtres aux sens aiguisés, différents, une nation insulaire heureuse et autosuffisante. Les enfants de l'île des fous étaient forcés de la quitter en bas âge, je ne sais plus pour quelle raison, rite d'initiation nécessaire au passage à la vie adulte? rôle de messie, de bouc-emissaire, sacrifiant sa tranquilité pour mettre un petit brin de folie dans le monde? impossibilité génétique à vivre sur l'ile ou les uns avec les autres? Je penche pour la troisième solution puisque même avec vous, les insulaires fous ne pouvaient pas se rassembler. Au mieux le temps d'un regard dans un metro, d'une soirée mondaine où ils se croiseraient par hasard, sans comprendre pourquoi, car ils sont amnésiques de leur vie chez les fous, ils se sentiraient bien, chez eux. Et vlouf, le fou repartirait. Inutile de le dire, je me sentais marginale, j'en souffrais, je le cultivais, et les rencontres les plus troublantes ne parvenaient jamais à s'étirer plus d'une soirée.
James Clifford, Malaise dans la culture
À une époque où la solitude était ma plus grande compagne, et les rencontres bouleversantes ne parvenaient pas à ne pas être éphémères, je m'étais inventé un petit conte naïf. Une sorte de roman familial, dirait Freud, dans lequel mes vrais origines n'étaient pas embellies mais poussées au second plan. Un vrai petit fantasme d'orpheline.
Il existait une "ile des fous", j'avoue que le nom manque d'exotisme, qui aurait rassemblé des êtres aux sens aiguisés, différents, une nation insulaire heureuse et autosuffisante. Les enfants de l'île des fous étaient forcés de la quitter en bas âge, je ne sais plus pour quelle raison, rite d'initiation nécessaire au passage à la vie adulte? rôle de messie, de bouc-emissaire, sacrifiant sa tranquilité pour mettre un petit brin de folie dans le monde? impossibilité génétique à vivre sur l'ile ou les uns avec les autres? Je penche pour la troisième solution puisque même avec vous, les insulaires fous ne pouvaient pas se rassembler. Au mieux le temps d'un regard dans un metro, d'une soirée mondaine où ils se croiseraient par hasard, sans comprendre pourquoi, car ils sont amnésiques de leur vie chez les fous, ils se sentiraient bien, chez eux. Et vlouf, le fou repartirait. Inutile de le dire, je me sentais marginale, j'en souffrais, je le cultivais, et les rencontres les plus troublantes ne parvenaient jamais à s'étirer plus d'une soirée.
C'est à ce pays imaginaire d'adolescente perdu que me fait penser cette citation. ... "seulement des notes de terrain pour le réinventer."
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