Après six semaines, ne reste que l'impression d'avoir bondi de terres-îles en terres-îles. Tout oublié des particularismes. Souvenirs aussi floconneux que le souvenir d'un rêve, et ce dont je me souviens, ce sont des exotismes sans profondeur. Il n'y a pas de fil conducteur qui mène d'une île à l'autre.
La mer, dans les Caraïbes, n'est pas une route mais une frontière. D'ailleurs, on la franchit le plus souvent par les airs, soit qu'elle est trop étendue, soit trop agitée. La plupart des insulaires, mêmes les pêcheurs, en ont une trouille impensable. Et pas le pied marin pour un sou. Ils enfouissent la tête dans un sac de papier et prennent leur mal en patience. Hier, ils ont refusé de m'emmener à la pointe de l'île. "Tu vas te rompre les os dans cette eau furieuse". Parfois aussi, ils interrompent ma marche. "Ne vas pas te baigner aujourd'hui, elle va t'avaler par les pieds". Eux, ne dépassent jamais les hanches. Les marins, les pêcheurs, les insulaires n'ont pas l'insouciance des touristes dans l'eau turquoise d'ici. Ils s'arrêtent là où l'eau cesse d'être transparente. Ils savent... que l'homme ne maitrise pas la nature. Ne s'insurgent pas quand elle leur a pris un homme... ne cherchent pas à construire des batisses qui résistent aux vents d'automne... le toit de tôle s'envolera et nous reconstruiront. Ce n'est pas du désespoir. Pas de la résignation. L'homme ne gagne pas toujours, c'est tout.
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