vendredi 17 avril 2009

Vinales, retour aux îles

A Vinales, ils frémissent beaucoup. Elle me dit que je ne dois pas dire où j'habite, peu importe ce qui arrive. Que je ne peux pas aller sur le balcon, de peur que les voisins la dénoncent. Que je frappe comme ça, elle mime, avant de rentrer, que je me cache s'ils ont de la visite. C'est une toute petite maison, deux pièces, dans un immeuble friable, qu'on atteint en quittant la grande route, les touristes, les maisons coloniales. On contourne un premier bâtiment, une carcasse de voiture, un cheval, des poules. Tout le monde me regarde. Tu dors chez qui? Je me promène...

On sent la délation dans ce petit village. On le sent à la peur qui rode partout. Aucune maison n'a accepté de me loger sans mon Visa, oublié à La Havane, et j'ai tourné pendant des heures, me cognant à des désespérants "Que miseria!" chaque fois que j'expliquais ma situation.

On le sent aux monuments à la gloire des héros morts pour la révolution érigés à chaque coin de rue. Et qui menacent de revenir... comme des spectres qui s'infiltreraient dans les maisons pour vous surprendre et vous donner aux flics.

Rien à voir avec la beauté crasse de La Havane. Son chaos permanent. Marché noir et petits larcins que ni les Comités de Défense de la Révolution (CDR) implantés dans chaque pâté de maisons, ni les chivato , les mouchards présents dans chaque immeuble, ne dénoncent, car sur eux repose tout l'équilibre du quartier.

Dans les villages, comme dans mes petites îles, on étouffe sous les regards familiers avides de commérages. On vit caché. Étriqué. Avec la crainte d'attirer l'attention.



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