Parlant de la structure particulière de Marelle, ce bricolage de choses hétérogènes qui peuvent être lues dans des sens différents, Cortázar explique que son livre doit bouger dans les mains du lecteur pour «le pousser à rompre continuellement avec ses idées habituelles de temps et d’espace». Un peu plus loin dans ses entretiens, il théorise cette mobilité sous un concept de «poésie permutante»:
J’ai toujours été fasciné par l’idée de laisser le langage en liberté, par la possibilité de construire, d’articuler un poème, une prose offrant non pas un nombre infini de lectures possibles mais différentes lectures grâce à un simple mouvement, grâce à un déplacement des blocs sémantiques. Cela m’a toujours fasciné car c’est redonner au langage une sorte de vie personnelle. Tu écris un poème permutant et ensuite les choses se mettent à bouger selon le choix de lecture que tu fais par les yeux, tu élimines ce qu’il y a de mécanique et de consécutif dans le langage rationnel et particulièrement dans la prose.Il y a un plaisir très « oulipien » dans cette manie de jouer avec la mobilité des formes et de la langue. Mais contrairement aux expérimentations formelles pures, mon projet, comme les romans bricolages de Cortázar, n’est pas dépourvu d’un engagement social.
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