dimanche 8 mars 2009

La même mer partout






Depuis les rochers. Sable blanc ou noir. Cabanes de tôle qui longent l'eau. On ne la regarde plus quand elle est sur tous les paysages. Mais tu n'y comprendras donc jamais rien ma pauvre fille. Je ne suis pas marin, pas pêcheur. Ce matin, il me dit, elle ne veut pas de nous. C'est à cause de la lune. Le bateau qui devait m'attraper sur la jetée pour m'emmener dans la pointe nord ne peut pas aborder. De jeunes pêcheurs me proposent de faire le lien entre terre et bateau. Il m'avertit qu'il me sera impossible d'accoster à l'endroit prévu, que je vais me rompre les os.
J'aime cet art de l'hyperbole dès qu'on parle de risque. C'est presque tous les jours. On m'avertit. "Les femmes noires ne voyagent jamais seules. Mais les femmes blanches, elles veulent faire comme des hommes. Il faut être complètement marteau pour voyager seule dans ces îles..." De ne pas prendre de bateau seule, car là sur la mer, entre deux terres, non-lieu, tout peut arriver... Puisent de leur poche une histoire de femme disparue ou de bateau qui coule, parfois une femme qui disparaît dans un bateau. On se soumet, à travers ces histoires, aux forces supérieures, violence incontrôlable du désir de l'homme, et celle encore plus sauvage de la mer. D'ailleurs, ils se baignent rarement, et jamais plus loin que la taille. Cette mer immense qui les entoure, pourrait les engloutir... Dans ces îles où les hommes n'ont pas le droit d'avoir peur...
Ce matin, je regarde le bateau lutter contre les vagues à une dizaine de mètres de la jetée. Je leur dis, c'est pas grave, je reviendrais avec mari et enfants, je m'échappe de tous les dangers.

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