mercredi 8 avril 2009

Au musée des beaux arts de Cuba, une profusion d'expression

"Ils n'aiment pas les artistes. Ils n'aiment pas les gens qui pensent... C'est trop difficile ici, quand on veut créer ou ecrire, autre chose que la révolution..." Mon interlocuteur maîtrise mal l'anglais. Il conjugue toutes ses phrases au présent. Du coup, je ne sais plus, le Cuba d'aujourd'hui, j'y vois des militaires se promener dans les rues armés de ciseaux pour couper les cheveux longs des hippies, je tremble quand mes hôtes écoutent les Beatles. Et tous les Cubains rêvent l'ailleurs, comme c'est parfait le monde ailleurs, t'imagines comme je serais riche aux États-Unis à faire de la photo alors qu'ici... Ici, tout s'est arrété. Finalement, ce présent, il signifie quelque chose. Pourquoi conjuguer au passé quand les journées sont les mêmes, la même attente depuis que la révolution castriste est bloquée en mode révolution, et que ses enfants attendent... Et vers quoi le futur?

Dans les librairies, il n'y a que Jose Marti et Alejo Carpenter, et tous les livres de propagande sur la révolution castriste, quelques manuels contre le capitalisme, d'autres sur la communauté noire des Caraïbes. Côté international, du classique, empoussiéré, Victor Hugo, Gabriel Garcia Marquez quand-même... Dans le Musée des beaux arts, côté international, tout s'est arrété au 19e siècle. Du côté cubain, je craque pour quelques toiles, mais il faut bien l'avouer, pas de dissidence. Heureusement, pour le touriste désireux de voir Castro comme un saint, on peut oublier toute cette histoire de censure: depuis quelques jours, au Musée de beaux-arts de La Havane, la biennale expose des oeuvres a-mé-ri-caines!!!

Comme disent les journalistes, si les frontières bloquent les hommes, les marchandises quand à elles circulent sans difficulté. Ah non, pardon, ils parlaient d'art...
http://www.ledevoir.com/2009/03/30/242659.html






Manuel Vega Lopez, Caravan de Ciegos, 1919

Carlos Enriquez, Campesinos feliz, 1938


Wilfredo Lam, Les Noces, 1947

Amelia Pelaez, Mujeres, 1958


Rafael Zarza, El gran Fascista, 1973


Belkis Ayon, La Cena, 1988


Guilbeto de la Nuez, Esta es la historia, 1980
Il faudrait pouvoir détailler cette toile, la "découverte" des Amériques tout en haut, et le massacre des Indiens, le commerce des esclaves, les guerres d'indépendance, les soulèvements, chaque centimètre est recouverte d'un événement sanglant. Esta es la historia...

Thomas Sanchez, La relacion, 1988
Une ile gigogne à sa façon

Marcelo Pogolotti, El intellectual, 1937

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