mardi 6 octobre 2009

Kanor, D'eaux douces, p. 195

"Éric, Rico, Yérik au plus profond de mes chairs, en moi, loin de moi. Faux double, dont j'avais tant rêvé sous prétexte que nos parents avaient vécu la même histoire. L'expérience d'un homme peut-elle se limiter à l'histoire d'un peuple? Éric, cher, dont j'avais voulu dissoudre la chair, la faire fondre dans la mienne afin qu'ensemble nous puissions accomplir ce destin: participer à l'érection de la nation antillaise, augurer l'émergence d'une ère où hommes et femmes noirs cesseraient de se faire la guerre des sexes.
Comment avais-je pu y croire? dans quelle espèce de pays avais-je grandi? Moi qui en fouillant l'histoire des Antilles, apprenant par coeur les chapitres, avais pensé qu'il suffirait d'un homme noir, d'un seul, pour tirer d'affaire tout un peuple et déjouer tous les pièges que nous tendait la mémoire."

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