"Je me suis approchée. D'elle d'abord, impeccable dnas son uniforme d'amante, nue entre les sales pattes de mon nègre. Un sourire béat plaqué sur le visage comme un maquillage qu'elle aurait omis d'oter. [...] Une reine dans son bocal... Tenant dans ses bras un gros poisson noir sans écailles, prêt à glisser. J'avais déjà vu cette fille quelque part, elle était toutes ces femmes que j'avais croisées, jamais vraiment connues et qui m'avaient été racontées, dont j'avais eu l'instinct des siècles avant ma naissance. Elle était à la fois l'amante d'Éric, le collègue de travail de maman, notre voisine de pallier au temps des HLM et des maisons avec un toit qui fume. Elle était Candy au pays des bouclettes, la boulangère blonde d'en bas qui puait des aisselles, de la gueule aussi quand elle avait mangé de l'ail, et déclarait de manière solennelle en détester le goût mais n'en manger que parce que c'est bon pour la santé!
"Comme le vin" ajoutait papa qui trouvait la grasse dame aimable. Gentille madame prompte à lui faire de l'oeil.
C'était aussi dans la tête des hommes que je me souvenais avoir croisé ces femmes. Ombres qui traversaient les murs des chambres et pénétraient comme des esprits dans les crânes. Possession, obsession, colonisation."
mardi 6 octobre 2009
Kanor, D'eaux douces, p. 196-197
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