"[...] On connaît aussi un petit nombre d’îles qui ont fait irruption au beau milieu d’un cratère dont l’effondrement a provoqué la formation d’un lac. On distingue celles dont le cratère (caldeira) est partiellement envahi par la mer, comme l’Anak Krakatau,la plus fameuse d’entre elles, sortie au beau milieu du cratère du Krakatau en 1928. Et celles qui sont coupées de tout contact avec le milieu marin, bordées seulement par un lac, lui-même encerclé par la terre.C’est le cas de Motmot, un îlot situé à 40 kilomètres de la Papouasie - Nouvelle-Guinée. Ce cône volcanique de 25 hectares a « poussé » en 1968 et en 1973 à l’intérieur du lac Wisdom, au beau milieu de l’île volcanique de Long Island. C’est une aubaine pour tous ceux qui étudient les processus de colonisation des plantes et des animaux. En effet, Long Island a connu aussi une éruption catastrophique au milieu du XVIIe siècle. On pense que la majorité de la faune et de la flore a été anéantie, ensevelie sous près de 30 mètres de cendres. Habitée par un millier d’habitants et partiellement recouverte d’une forêt, Long Island a une longueur de 27 km sur 18 km de large. [...] Si l’on devait résumer d’une formule la caractéristique principale de Motmot, on pourrait dire que cette île est coupée du monde. Les 55 kilomètres de mer séparant Long Island des côtes de la Papouasie - Nouvelle-Guinée, l’une des principales sources potentielles d’organismes,constituent une première barrière. Le territoire de l’île de Long Island forme un deuxième filtre. Enfin, le lac Wisdom forme une troisième barrière. Ce dernier n’a pas de poissons et peu d’espèces d’invertébrés en raison des températures souvent élevées de ces eaux du lac dues à l’activité volcanique.Des températures allantde 30 °C à 80 °C ont été enregistrées en 1988.En dépit de tous ces obstacles,la vie s’est tout de même installée sur l’île Motmot. Une vie ténue. « Le degré zéro de la colonisation ». La végétation se limite en effet à quelques herbes pionnières comme les carex, dont les graines ont été transportées jusque-là sur les pattes des canards qui stationnent sur l’île.On ne dénombre pour l’instant que quatre arbres. Cela n’a rien de surprenant : les petites dimensions de l’île limitent le nombre d’espèces. En fait, la colonisation de Motmot est surtout limitée par le fait qu’elle est bordée par un lac et non par la mer, qui charrie et dépose sur les plages des déchets,les fameuses laisses de mer,qui attirent toute une faune détritivore servant elle-même de nourriture à d’autres espèces.On est loin du dynamisme de l’écosystème qui s’est mis enplace dans l’île d’Anak Krakatau dont les côtes bordent l’océan. Enfin, la structure du sol volcanique est tellement instable qu’elle ne constitue pas une niche écologique favorable.
Dans la colonisation des milieux insulaires, on ne voit que ce qui réussit, note Philippe Vernon. Mais il ne faut pas perdre de vue que les échecs sont beaucoup plus fréquents que les succès. » Le vent, les courants marins et les animaux charrient tout un lot de graines et d’animaux. Rien ne permet de dire aujourd’hui quels sont ceux qui arriveront à s’installer au cours de prochaines années.
Extrait d'un article disponible ici
Dans la colonisation des milieux insulaires, on ne voit que ce qui réussit, note Philippe Vernon. Mais il ne faut pas perdre de vue que les échecs sont beaucoup plus fréquents que les succès. » Le vent, les courants marins et les animaux charrient tout un lot de graines et d’animaux. Rien ne permet de dire aujourd’hui quels sont ceux qui arriveront à s’installer au cours de prochaines années.
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